C’est avec une profonde tristesse que les éditions Dargaud annoncent le décès de Claire Bretécher, le 11 février 2020, à l’âge de 79 ans. Claire Bretécher s’est très vite lancée dans la bande dessinée, « pour échapper à l’ennui », disait-elle. Parmi les pionniers de ce genre littéraire, elle va imposer un style, un ton, un regard décalé d’une originalité totale.
Observatrice détachée (vraiment très détachée) de son époque, elle en croque les travers avec une immense autodérision. Des Gnangnan à Cellulite, des Frustrés à Agrippine, de Spirou à L’Écho des savanes, de Pilote au Nouvel Observateur, elle crée une galerie de personnages lui permettant de s’attaquer à des sujets de société qu’elle aura, très souvent, identifiés bien avant la plupart de ses contemporains. Au point qu’en 1976, Roland Barthes dira qu’elle est la « sociologue de l’année ». Elle pratique aussi avec talent la peinture, produisant une série de portraits saisissants de ses proches et d’autoportraits sans concession. A son style graphique unique répondait un langage Bretécher (ou l’inverse). Son sens du dialogue, son inventivité et son art du raccourci étaient époustouflants. Personnalité aussi dérangeante qu’attachante, Claire Bretécher a tracé un chemin unique dans la bande dessinée. Son humour et sa liberté d’esprit étaient immenses, ils manqueront à tous ses lecteurs, ils nous manquent déjà.
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